Introduction : Au Bénin, l’insuffisance de dermatologues et les contraintes financières limitent l’accès aux soins dermatologiques auprès des spécialistes. Les officines pharmaceutiques, accessibles géographiquement et offrant des consultations gratuites, sont devenues un recours primordial. Cette étude menée en 2024 à Cotonou visait à évaluer l’état des lieux des motifs de demande de soins dermatologiques en officine afin de les améliorer.
Méthodes : Cette étude transversale et prospective a inclus pendant 5 mois en 2024 des cibles primaires (pharmaciens assistants et étudiants stagiaires en master 2 de pharmacie), des cibles secondaires (clients/patients) de vingt officines à forte affluence à Cotonou et un dermatologue (cible tertiaire) pour évaluer la conformité diagnostique et la qualité des soins. Les données ont été collectées par entretien et les lésions photographiées après consentement, puis analysées avec Epi info 7.2.1.0.
Résultats : L’étude a inclus 27 dispensateurs de soins et 420 patients (61,19% de femmes). L’âge moyen des patients était de 24,05 ± 1,48 ans. La majorité (67,11%) avait un revenu inférieur à 3 fois le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) béninois et consultaient principalement pour un avis diagnostique (41,90%) ou thérapeutique (30,24%). Les dermatoses infectieuses (47,32%) et inflammatoires (16,18%) prédominaient. Les affections les plus fréquentes étaient : acné (14,04%), furoncles (9,28%), imperfections du visage (9,28%), pityriasis versicolor (8,09%), sécheresse cutanée (7,38%) et candidoses génitales (7,14%). Ces dermatoses avaient motivé avant la consultation le recours à la naturothérapie (42,10%) et à l’automédication traditionnelle (39,77%). La qualité des soins était majoritairement mauvaise (59,29%), insuffisante (24,77%) et rarement bonne (15,93%).
Conclusion : Dans ces officines pharmaceutiques, les jeunes patients consultaient principalement pour des dermatoses infectieuses et inflammatoires, généralement après un parcours initial non médical. L’offre de soins était majoritairement insuffisante ou mauvaise, soulignant l’urgence d’améliorer la prise en charge dermatologique en officine.