Introduction
La dépigmentation cutanée, bien que largement documentée chez les adultes, constitue une préoccupation lorsqu’elle est pratiquée sur des enfants. Cette étude vise à évaluer l’ampleur du phénomène et ses déterminants au Bénin et au Togo.
Méthodes
Une étude multicentrique transversale avec recueil prospectif des données a été menée en février 2025 auprès de 691 enfants âgés de 0-15 ans et de leurs tuteurs/parents consentants dans 5 services de Pédiatrie au Bénin et 3 services de Dermatologie au Togo. Les données relatives aux habitudes cosmétiques des enfants et des parents ainsi que les manifestations dermatologiques ont été analysées avec le logiciel Rstudio.
Résultats
Des 691 enfants inclus, 50,36% étaient âgés de 0 à 18 mois et le sex-ratio était de 0,84. Les Fon (57,60%) étaient l’ethnie prédominante, suivie des yoruba (12,16%) et des mina (10,42%). Les dépenses mensuelles en cosmétiques étaient inférieures à 10 000 FCFA pour la majorité des enfants (95,51%). La dépigmentation concernait 26,48 % des enfants (18,07% au Togo et 27,63% au Bénin). Les savons utilisés (13,20%) contenaient de l’hydroquinone (22,69 %), des corticoïdes (8,40%) ou des dérivés mercuriels (2,52%). Les laits (35,71%) contenaient de l’hydroquinone (8,93 %), des corticoïdes (14,06 %) ou des dérivés mercuriels (0,22 %). Parmi les parents, 45,65 % utilisaient également des produits dépigmentants. Les principales motivations étaient l’amélioration de l’apparence (28,65 %), l’influence parentale (57,31 %) et les normes esthétiques locales (38,49 %). Les principales dermatoses occasionnées étaient la pyodermite (11,14 %), les dyschromies (9,70 %), le pityriasis versicolor (7,53 %) et l’eczéma de contact (7,09 %).
Conclusion
La dépigmentation infantile est une réalité préoccupante avec des implications médicales et socio-culturelles. Des campagnes de sensibilisation et une réglementation plus stricte des produits cosmétiques pourraient limiter cette pratique et protéger la santé des enfants.